Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir - Que vaut la saison 2 ?
- La Cinéphile
- 8 oct. 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 févr.
Alors que le dernier épisode de la deuxième saison a été mis en ligne le jeudi 3 octobre, faut-il accorder du temps à cette série se déroulant environ trois mille ans avant les événements du Seigneur des Anneaux ?

Sauron est de retour. Chassé par Galadriel, sans armée ni allié, le Seigneur des Ténèbres en devenir ne doit désormais compter que sur sa propre ruse pour retrouver ses forces et superviser la création des Anneaux de pouvoir, qui lui permettront de lier tous les peuples de la Terre du Milieu à sa sinistre volonté. Elfes et nains, orques et hommes, sorciers et Harfoots… alors que les amitiés sont mises à rude épreuve et que les royaumes commencent à se fracturer, les forces du bien luttent toujours plus vaillamment pour s’accrocher à ce qui compte le plus pour elles : la communauté...
Créée par J.D Payne et Patrick McKay et diffusée sur Amazon Prime Video depuis 2022, la série Les Anneaux de Pouvoir, qui reprend principalement les événements décrits dans Le Silmarillon, oeuvre inachevée de J.R.R. Tolkien retraçant la genèse et les Premiers Âges de la Terre du Milieu, prend place lors du Deuxième Âge, soit bien avant les événements présentés dans Le Hobbit ou Le Seigneur des Anneaux.
Si la série se concentrait jusqu'à présent principalement sur la création des anneaux de pouvoir, les trois saisons à venir devraient quant à elles évoquer la création de l'Anneau Unique allant de pair avec l'ascension de Sauron, la chute du Royaume de Númenor et les alliances entre Elfes, Hommes et Nains pour contrer le Seigneur des Ténèbres. Toutefois, pour que ces suites arrivent, il faut que la série parvienne à satisfaire les téléspectateurs et malgré une première saison mitigée, la saison 2 relève le niveau.
En effet, l'un des principaux problèmes de la saison 1 résidait dans son rythme et dans sa structure narrative. Les épisodes traînaient en longueur, certes à raison du fait qu'il était essentiel de prendre le temps de mettre en place l'univers pour que les néophytes puissent se repérer au sein des (trop) nombreuses intrigues, mais l'alternance de toutes ces histoires pouvait perdre le spectateur. Dans la deuxième saison, il y a encore quelques faiblesses au niveau du rythme, avec des révélations qui auraient pu (dû?) arriver bien plus tôt et éviter d'avoir l'impression de stagner, notamment en ce qui concerne le personnage de l'Etranger. Cependant, dès le premier épisode de cette nouvelle saison, on perçoit un nouveau souffle et un dynamisme qui manquait parfois dans la saison 1 et le rythme ne cesse d'accélérer, avec une apogée dans l'épisode 7, sans aucun doute l'un des meilleurs épisodes de la saison, avant de retomber légèrement dans l'épisode 8.
Ce renouvellement bienvenu vient en partie de l'évolution des personnages, avec notamment le duo composé de Celebrimbor (Charles Edwards) et Annatar / Sauron (Charlie Vickers) qui œuvrent ensemble pour confectionner les Anneaux de pouvoir et dont la relation va progressivement se détériorer avec des scènes profondément marquantes dans les épisodes 7 et 8.

L'autre personnage qui se démarque dans cette saison et qui avait déjà marqué lors de la précédente c'est Adar, interprété par Joseph Mawle dans la saison 1 et remplacé par Sam Hazeldine dans la saison 2. Le "Seigneur-Père", dont la seule volonté est que ses "enfants" - les Orques - puissent vivre en paix dans une contrée qui serait la leur, possède l'un des arcs narratifs les plus intéressants de toute la série alors qu'il s'agit d'un personnage original, absent de l'oeuvre de Tolkien. Adar est le chef de file qui permet de montrer un autre visage des Uruks et des Orques, qui sont ici représentés comme des êtres dotés de sensibilité, avec une culture particulière que ce soit la langue avec notamment le "noir parler" ou des rituels spécifiques à l'image des funérailles dans l'épisode 7. Le traitement du personnage et son histoire en font d'ores et déjà l'un des personnages les plus emblématiques de la série, avec des scènes de dialogues qui marquent les esprits. Le seul reproche concernant ce personnage est le fait qu'il lui manque au moins un véritable moment de bravoure et on regrette de ne pas le voir plus en action sur le champ de bataille.

En dehors des personnages susmentionnés, il n'y en pas d'autres qui se démarque réellement. On retrouve avec plaisir Galadriel (Morfydd Clark), Elrond (Robert Aramayo), Gil-galad (Benjamin Walker) et Arondir (Ismael Cruz Córdova), en particulier lors de la bataille de l'Eregion dans les deux derniers épisodes, même si certaines scènes feront à coup sûr réagir certains spectateurs. Il est cependant dommage que des personnages comme Elendil (Lloyd Owen) ou Ar-Pharazôn (Trystan Gravelle) soient autant mis de côté dans la deuxième moitié de la saison, qui se concentre alors principalement sur le siège de l'Eregion et ne laisse alors plus trop de place pour les autres intrigues. L'épisode 8 peine d'ailleurs même à raccrocher les wagons avec le 7, alors qu'il semble ne s'être passé que deux ou trois heures entre les deux mais ce manque se perçoit clairement avec une intrigue trop expéditive, comme s'il fallait boucler la saison au plus vite.
Malgré ces défauts relatifs à l'histoire, il faut admettre que cette saison 2 reste très qualitative et ce sur de nombreux autres points, à commencer par le visuel. Cela passe tout d'abord par la mise en scène, avec notamment des poursuites et des combats toujours lisibles, avec une caméra au cœur de l'action, allant même jusqu'à nous placer au centre d'une charge épique, et un plan-séquence parfaitement exécuté dans l'épisode 8 notamment.
Le fait de tourner dans des environnements naturels ainsi que l'utilisation de reconstitutions plus vrais que nature pour les décors et d'effets spéciaux, autrement appelés effets pratiques, apporte un véritable plus et rend le tout très authentique. La combinaison la plus marquante de ces trois éléments est la transition montrée à la fin de l'épisode 6, un travail parfaitement exécuté.
Qu'il s'agisse de la cité elfe d'Ost-in-Edhil en Eregion, de la ville naine Khazad-Dûm ou de la cité d'Armenelos sur l'île de Númenor, chacun de ces lieux est saisissant de réalisme autant avec les décors réels qu'avec les effets visuels qui contribuent à rendre les environnements encore plus impressionnants. En effet, la photographie de cette saison est sublime, avec des plans ressemblant parfois à des peintures qu'on se plait à admirer. Bien évidemment, quelques effets sont un peu trop visibles, en particulier du côté des créatures avec le warg ou le Damrod le troll dont les designs peinent à convaincre pleinement. Néanmoins, le Balrog, créature emblématique de l'univers, est à l'inverse très réussi et son apparition ne laisse pas indifférent.


Enfin, s'il y a bien un aspect qui mérite de s'intéresser à cette série, c'est la bande originale. Si le générique est signé Howard Shore, compositeur des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit, c'est Bear McCreary (Battlestar Galactica, Outlander, God of War...) qui est en charge de la composition des différents thèmes musicaux de la série et il a su composer une multitude de thèmes tous aussi sublimes les uns que les autres, avec des pépites comme "Rhûn", "Last Temptation", "The Sun Yet Shines" ou encore la surprise de cette saison "The Last Ballad of Damrod", une chanson metal qui envoie du lourd.
Outre une bande originale principale pour chaque saison, chaque épisode possède également son propre album, ce qui permet de saisir les subtilités et de déceler certains changements dans les thèmes principaux au travers des thèmes additionnels. La musique est un élément essentiel au sein d'une oeuvre audiovisuelle, un film ou une série peut très bien être muet mais sans musique, il perd de son intérêt et de sa force et cela les créateurs des Anneaux de Pouvoir semblent l'avoir bien compris. En effet, si plusieurs séquences de la série sont sensationnelles en soi, les compositions de Bear McCreary en font des moments d'autant plus émouvants et d'autant plus épiques qui ne sont d'ailleurs pas sans rappeler certains grands moments de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Ainsi, malgré des défauts au niveau de sa structure narrative et quelques longueurs, somme toute moins nombreuses que dans la première saison, cette saison 2 des Anneaux de Pouvoir permet d'avancer et offre son lot de moment de bravoure, en particulier dans sa deuxième moitié. Visuellement réussie et portée par une musique qui l'est tout autant, on ne peut que se laisser porter dans ce voyage en Terre du Milieu et on espère qu'il va se poursuivre au vu d'un final concluant des arcs narratifs pour mieux ouvrir de nouveaux horizons.
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