Grand Prix du 32ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, In a Violent Nature de Chris Nash est certes un slasher original dans son approche mais cela ne suffit pas à en faire un bon film, encore moins un incontournable du genre horrifique.

Après s’être fait dérober un précieux artefact, cadeau de sa mère, un tueur en série s’extirpe de sa tombe pour entamer une quête vengeresse. Il va traquer un groupe de jeunes qui se racontent son histoire.
Lorsque l'on parle de films d'horreur et plus particulièrement du slasher - genre dans lequel un groupe de jeunes se fait décimer par un tueur en série masqué pour le résumer de manière très simpliste - ce ne sont pas tant des titres qui nous viennent en tête mais bien les visages des tueurs de ces films devenus de véritables icônes avec le temps à l'image de Freddy Krueger, Michael Myers, Ghostface ou encore Jason.
Ce dernier pourrait d'ailleurs être le personnage principal de In a Violent Nature tant la ressemblance entre lui et Johnny, le tueur de ce film, est troublante au premier abord, que ce soit au niveau de la carrure ou du style vestimentaire notamment, sans compter que l'action se déroule au cœur de la forêt. Les interminables scènes de marche avec un travail sur le son réaliste - les bruits de pas sur le sol forestier continuent de nous hanter après le visionnage tant cela est agaçant - pourraient être tirées d'un documentaire fictif sur la vie de Jason lorsqu'il est en quête de sa prochaine victime.
Mais non, ici il s'agit bien de l'histoire de Johnny, un mélange des différents tueurs précédemment évoqués qui ne parvient pas à tirer son épingle du jeu pour arriver à la hauteur de ses ainés. Certes c'est un personnage capable d'une brutalité extrême, ce que la scène du crochet montre d'ailleurs bien avec la mort la plus remarquable du film, mais celui-ci s'avère finalement plutôt en retenu concernant les mises à mort avec certaines qui ne sont même pas tant montrées que ça et d'autres qui sont certes gore mais sans être jusqu'au-boutiste non plus.
Aussi, le ton du film n'est pas clairement affirmé : s'agit-il d'un film "sérieux" ou d'un film assurément décalé ? Si la séquence du premier meurtre prête à sourire avec un long plan dans lequel la future victime tente de fuir le tueur trapu au pas lent tant cela semble ridicule. De plus, dès lors qu'il récupère un masque et son attirail, Johnny a des airs du tueur du faux film Red is Dead et cela contribue à rendre le personnage encore moins crédible et drôle... malgré lui ? On ne parvient pas à savoir Nash a volontairement créé des passages censés être amusants ou non et cela nuit au film.
Il y a ainsi une forme de dissonance qui fait qu'on ne parvient pas à se laisser emporter par In a Violent Nature. On ne peut pas nier une certaine volonté de s'éloigner de la forme classique du slasher et de ses variantes pour proposer un long-métrage plus lent, plus naturaliste en un sens mais, pour cela, il aurait également fallu un meilleur développement des personnages et garder un point de vue unique.
En effet, si les personnages de films d'horreur ne sont pas réputés pour leur intelligence, encore moins dans les slashers qui mettent en scène des adolescents ou des jeunes adultes qui ne pensent qu'à picoler et à coucher ensemble, In a Violent Nature possède de loin les personnages les plus stupides. Ceux-ci ne sont pas capables de voir un tueur en face d'eux alors qu'il est bien éclairé, ils n'entendent pas le cliquetis des lourdes chaînes que porte Johnny - que les bruiteurs semblent également avoir oublié d'ajouter en post-production - ils font diversion en se plaçant au plus proche du tueur pour l'éloigner et leur instinct de survie les empêche de fuir (bon, d'accord, la peur peut tétaniser et c'est surtout de la mauvaise foi de ma part ici).
Qui plus est, si Chris Nash s'attarde sur la final girl, personnage tout aussi important que les tueurs dans ce genre de films, il en oublie totalement Johnny, censé être le personnage central de l'histoire. On se retrouve alors face à une scène de monologue, qui est d'ailleurs tout aussi soporifique que la discussion autour du feu de camp en début de film, dans une voiture où la caméra a bien du mal à faire le point avec un effet flou qui rend trop bien l'impression de mouvement d'un véhicule et qui rend plus malade que les mises à mort montrées précédemment dans le film.
In a Violent Nature est avant tout un film idéal pour les amateurs d'ASMR des bruits de la forêt. Si l'idée de suivre plutôt le tueur que les victimes est une bonne sur le papier, le résultat est malheureusement ennuyant et décevant.
Critique réalisée suite à la projection du film lors du 32ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer
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